La crise au Soudan, mère d’enjeux internationaux super stratégiques

Depuis le début du conflit il y’a quelques jours au Soudan, tous les yeux sont en effet rivés sur Khartoum. Deux camps s’affrontent, celui de l’armée officielle commandée par le général Abdel Fattah Al Burhan et celui des Forces de Soutien Rapides (FSR) menée par le général Daglo. Tous les deux ont tissé d’importants liens avec les pays étrangers.

D’abord, il faut savoir qu’avec ses importantes ressources et son accès à la mer rouge, le Soudan a une position stratégique très cruciale. C’est donc pas étonnant de voir les puissances étrangères s’impliquer dans leurs “histoires” et sur tous les plans (politiques, économiques et pourquoi pas militaires). L’Egypte est aujourd’hui l’un des acteurs extérieurs les plus influents au Soudan. Sur le plan géographique, les deux pays partagent 1200 kilomètres de frontière, ils partagent également les eaux du Nil. Environ 3 à 6 millions de soudanais vivraient dans le pays voisin. Sans doute un gros poids économique si on note par exemple l’envoi d’argents aux familles restés au Soudan.

Qu’est ce qui constitue le barrage dans ce conflit?

Le général Al Burhan serait dit-on très proche du Caire. Ce Chef de l’armée a été formé à l’académie militaire égyptienne, la même école d’où est sorti l’actuel président égyptien Abdel Fattah Al Sissi. L’Egypte fourni de l’équipement au Soudan et a même organisé un dialogue politique soudanais. Pendant que l’ONU, l’Union Africaine et les Occidentaux poussaient pour faire avancer les négociations entre la junte et les civiles, le Caire lui; a reçu des forces soudanaises proches de l’armée parmi les quelles des islamistes et des partis proches de l’ancien régime d’Omar El Béchir. Certains sont allés même jusqu’à accusé les égyptiens d’avoir tenté de faire dérailler la transition vers les civils avec cette initiative.

Selon de nombreux observateurs, le Caire souhaiterait un Soudan stable et compte notamment sur Khartoum pour s’opposer au projet du Grand barrage de la renaissance construit par l’Ethiopie sur le Nil. Dans ce contexte, c’est bien possible que la présence de militaires et d’avions égyptiens sur la base de Meroe, au nord de Khartoum, ait été l’étincelle qui a déclenché le conflit.

La fameuse question des mines d’or ?

Le Soudan continue de subir aussi l’influence des pays du golfe: Qatar, Emirats Arabes Unis, Arabie Saoudite. En 2015, Omar El Béchir avait approuvé l’envoi de soldats soudanais afin de combattre au Yémen pour le compte des saoudiens et d’Abu Dhabi. A la chute de l’ancien dictateur, le général Daglo a envoyé ses Forces de Soutien Rapides pour combattre au Yémen. Sauf qu’Al Burhan l’a fait aussi. Les deux généraux ont donc forcément des liens dans le golfe.

Par ailleurs, le général Daglo est super fortuné. Il exploite de nombreuses mines d’or dans un Soudan classé troisième producteur d’Afrique. Ce qui profite justement aux Emirats qui sont les premiers acheteurs avec la Russie. Washington a déjà laissé entendre que ces mines aideraient à financer les paramilitaires wagner.

Pour l’instant, les puissances étrangères choisissent plutôt une position équitable, appelant les deux parties au dialogue. Mais certains craignent que si le conflit dure, ces puissances sortent de la neutralité.

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